Vie de l'école

Dossier de presse

La mise en demeure des parents de l’école des boutons d’or d’inscrire sous 15 jours, à la veille de la rentrée, leurs enfants dans un autre établissement scolaire nous a conduits à contester les éléments qui nous sont reprochés par le rectorat, afin d’étayer l’action en référé que les parents ont déposée devant le tribunal administratif en vue de suspendre la mise en demeure. Leur requête a été rejetée par le tribunal administratif le 5 septembre 2021. Si le juge, dans le cadre de l’urgence du référé n’a pas retenu comme suffisants les éléments apportés pour répondre aux supposés manquements pédagogiques vis-à-vis de la législation et n’a donc pas suspendu la mise en demeure, il a en revanche retenu les erreurs manifestes du rapport d’inspection au niveau de la sécurité et de l’administration de l’école.

À présent, nous travaillons à l’argumentaire en vue du jugement sur le fond dans le cadre de notre recours en annulation de la mesure administrative. Pour faire connaître au maximum nos arguments, nous constituons un « narratif » détaillé qui rassemble les essentiels de notre réfutation. Ce narratif, en cours d’élaboration, est consultable ici. Il complète ainsi le présent dossier par un argumentaire plus détaillé et étayé.

Implantée dans les Hautes-Pyrénées à Bagnères-de-Bigorre, notre association a pour objet principal l’existence d’une école maternelle et élémentaire hors contrat, dont l’enseignement s’inspire essentiellement de la pédagogie Steiner-Waldorf, présente dans 80 pays et dénombrant plus de 3000 établissements dans le monde, pédagogie éprouvée et reconnue comme le sont en France, par exemple, les pédagogies Montessori et Freinet pour ne citer que celles-là. Notre pédagogie s’inspire aussi du réseau Forest School (encore très peu développé en France) qui promeut l’éducation par, pour et dans la nature.

Un projet pédagogique spécifique

Accueillir chaque enfant dans sa globalité, veiller à sa formation de futur citoyen, l’éveiller à la coopération plutôt qu’à la compétition, cultiver l’ouverture sur le monde et les valeurs républicaines, respecter les rythmes de développement et d’apprentissage en valorisant les intelligences multiples et les potentiels de chacun, apprendre autant par les mains et par l’art que par la réflexion, apprendre de la nature et constituer des équipes de professeurs attentifs à la singularité de chaque élève, désireux de coopérer entre-eux et avec les parents, tels sont les principaux objectifs pédagogiques de cette école. Ces éléments, l’équipe pédagogique des Boutons d’Or les a développés et en a établi les correspondances avec le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, dans un document de 196 pages constituant le projet pédagogique de l’école.

Chaque enfant est concrètement sollicité et stimulé pour développer sa pensée, sa sensibilité et sa capacité à agir, à expérimenter, à s’approprier des connaissances et des compétences plutôt qu’à suivre, voire parfois à survoler un programme académique.

Les contenus pédagogiques sont comparables à ceux qui sont enseignés dans les écoles publiques, mais diffèrent par leur mise en œuvre et par leur progression. D’autres matières sont aussi enseignées dans le but de stimuler le corps, la motricité, l’expression, le lien aux autres et à soi-même, à l’espace, à la matière, et faciliter les apprentissages académiques : travail manuel, travail artistique, eurythmie…

Inspection inopinées et mise en demeure

L’école des Boutons d’Or de Bigorre est un lieu d’instruction ouvert à tous les enfants.

Inspirée par la pédagogie Steiner-Waldorf, attentive aux pédagogies nouvelles, elle a tenté de rester un lieu de recherche et de création en dialogue avec les institutions de son ministère de tutelle pour enrichir sa contribution propre. Elle n’y a malheureusement pas trouvé d’ouverture et ses sollicitations ou questionnements auprès de l’Inspection académique ou du Rectorat mais aussi de la Mairie pour les aspects matériels, sont restés lettre morte.


 

L’inspection : soutien ou contrôle ?

Par contre, et depuis son implantation à Bagnères-de-Bigorre en 2016, l’école a fait l’objet d’inspections inopinées, plutôt deux fois par an qu’une fois tous les deux ans comme cela se pratique ailleurs, ce qui, bien qu’autorisé par la loi, n’est pas la norme.

Si un contrôle des écoles hors contrat est tout à fait normal et souhaitable, on peut légitimement s’interroger sur les raisons de ce régime spécial.

Il semble que nous soyons bien loin des intentions généreuses affichées par Jean Michel Blanquer qui, dès le 29 juin 2017, déclarait au journal La Croix : « Les inspecteurs rempliront une fonction de soutien plus que de contrôle ». Et d’ajouter : « Plusieurs membres de l’inspection, spécialistes de différentes disciplines, analyseront ensemble la situation d’un établissement et aideront son équipe à formuler et mettre en œuvre un projet éducatif adapté ». Monsieur Blanquer ne manque pas de noter au passage, que la Finlande a par exemple aboli l’évaluation externe au profit d’une évaluation uniquement interne. On sait le succès de ce pays, en tête des résultats des enquêtes PISA.

Rien de tout cela dans la relation de l’Inspection académique à notre école… Faut-il s’en étonner ? Pas vraiment, car cette volonté du gouvernement semble se limiter à ses seuls établissements : dans la loi du 24 août 2021 « confortant le respect des principes de la République », il s’agit bien d’accroître la pression de contrôle sur les écoles hors contrat et de restreindre les possibilités de mises en œuvre de pédagogies alternatives (article 53 de cette loi). À l’endroit de ces écoles donc, il ne s’agit pas de soutenir ou dialoguer, mais de contrôler…


 

Une progression unique, normative ?

L’établissement scolaire privé hors contrat n’est pas obligé de suivre les programmes, ni de respecter les horaires de l’enseignement public (6 sept. 2021 : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F33876).

L’école hors contrat est, selon les textes de loi, libre de sa pédagogie, de ses programmes et des rythmes d’acquisition mis en œuvre avec pour seule obligation, l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture à l’issue de la scolarité obligatoire, à 16 ans (article R 131-12 du Code de l’éducation). 

Mais le R 131-13 définit les modalités de contrôle qui se fait à l’issue de chaque cycle. Il s’agit pour les inspecteurs de contrôler une progression à certains paliers, dans le respect des choix pédagogiques de l’établissement. Et c’est là que le bât blesse : comment des inspecteurs, attachés au modèle pédagogique qu’ils connaissent bien, peuvent-ils juger valablement une progression qu’ils semblent ne pas saisir, ne pas percevoir, quand elle diffère de celle de l’Institution publique ?

Ne la voyant pas, elle leur paraît sans doute inexistante. Nous en relevons de nombreux exemples dans le rapport d’août 2021 et cette question essentielle de l’absence de progression à leurs yeux a certainement joué un rôle décisif pour motiver les mises en demeure du recteur à l’adresse des parents de retirer leurs enfants de l’école des Boutons d’or pour les inscrire ailleurs.

Pas d’écrit à la Maternelle ? Adieu le socle !

En fin de maternelle, pas de traces d’écrits constatent les inspecteurs. Le projet pédagogique de l’école n’est pourtant pas interrogé. Dommage, car il affirme sans ambiguïté remettre à l’élémentaire l’apprentissage de l’écriture proprement dite, tout comme le font les pays nordiques dont les résultats en la matière sont bien plus édifiants que ceux de l’école à la française. Pour les inspecteurs, la conclusion paraît évidente : ces enfants-là ne disposeront pas du socle commun à l’issue de la scolarité obligatoire. 

Pourtant, comme le montrent les divers apports des neurosciences, la motricité fine constitue une des clefs pour l’apprentissage de l’écriture, de l’autonomie et de l’intelligence, qu’il importe de développer en premier lieu. C’est la raison pour laquelle les enfants dessinent beaucoup et que les travaux manuels sont largement développés en maternelle. Le rapport rend compte de ces travaux qu’il juge sans progression, sans lien entre eux. Finalement, il apparaît, sans que cela ne soit jamais explicite, que les inspecteurs ne reconnaissent pas le programme et le rythme d’acquisition de celui-ci. Ce motif est repris systématiquement dans leur rapport, pour les cinq domaines du socle, pour conclure définitivement à l’impossibilité de l’acquisition de celui-ci ! 

RÉFUTATION

Pour préparer l’audience du référé, il nous aura fallu produire dans l’urgence, une réfutation point par point et fournir plusieurs centaines de preuves (documents de travail, dossiers de préparation des professeurs, textes et cahiers d’élèves et ce dans tous les domaines d’apprentissage) pour démontrer le contraire, pour faire état de contenus d’enseignement et d’une progression de ceux-ci, afin d’accompagner les parents dans leur recours face à cette mise en demeure inacceptable.

À en croire le rapport d’inspection, il n’y aurait par exemple, pas d’EPS (éducation physique et sportive) non plus dans cette école. L’inspection est inopinée, deux classes sont en sortie (et notamment en activité sportive), l’emploi du temps est sur la porte de la classe… Il n’a probablement pas été vu, mais comme aucune question n’est posée aux professeurs présents, il est difficile d’y répondre. Conclusion dans le rapport : toujours pas de traces d’EPS dans cette école !

Notre analyse détaillée contient de nombreux exemples de ce genre. Si elle n’a pas permis, dans le cadre du référé, d’éclairer suffisamment le juge pour lui permettre de suspendre la mise en demeure, elle viendra désormais prendre largement sa place en vue du jugement sur le fond du recours en annulation.

Le projet pédagogique de l’école des Boutons d’Or n’est pas un recueil de belles idées. Il décrit longuement et en détail, les contenus et la progression des enseignements que reçoivent les enfants. Il le fait en s’appuyant sur les attendus du socle et bien sûr aussi sur la spécificité de l’école, qui est sa raison d’être hors contrat. Il a été envoyé au Rectorat : sa réalisation faisait partie des mises en demeure. Le seul retour qui en a été fait est le signalement d’un paragraphe manquant dans la mise en page.

Les parents sont nombreux à avoir témoigné de leur satisfaction, de la progression qu’ils observent chez leurs enfants. Et leur voix compte pour nous, car nous faisons confiance au jugement compétent de toute personne qui est partie prenante de l’éducation des enfants. Leurs témoignages ne se limitent pas aux seuls acquis du socle. L’école a une mission bien plus large ! Et peut-être en particulier celle d’éduquer à la liberté de penser et au libre jugement, un aspect fondamental de notre pédagogie…

Par ailleurs les exemples de passage d’enfants de notre école à un établissement public, que ce soit en fin de cycle ou en cours de cycle, montrent systématiquement que les enfants s’adaptent facilement voire brillamment à leur nouvel environnement.

 

Libre choix pédagogique

Art. L. 151-1 du Code de l’Éducation : L’État proclame et respecte la liberté de l’enseignement et en garantit l’exercice aux établissements privés régulièrement ouverts.

Cet article, connu sous le nom de loi Debré (1959) est toujours en vigueur.

Suite à la mise en demeure où figure l’injonction d’inscrire son enfant « dans un établissement public ou privé », un parent destinataire de celle-ci interroge la direction départementale de l’éducation nationale sur la possibilité de pratiquer l’IEF (instruction en famille). Question légitime, puisqu’à ce jour, cette forme d’instruction est encore légale et soumise à simple déclaration.

La réponse, d’abord positive, a changé deux jours avant la rentrée de classes. C’est non. Pourquoi ? Parce que ça ne figure pas dans la formulation de la mise en demeure ?

En revanche, une nouvelle contrainte surgit : pas d’inscription non plus dans les écoles hors contrat…

Curieux glissement, car jusqu’à nouvel ordre, les établissements privés comprennent le sous-contrat et le hors contrat… Est-ce à dire que les écoles hors contrat en général, par principe, ne donnent pas les garanties d’une éducation satisfaisant aux normes de la République ?

Nous savons bien que de valeureux enseignants sont inventifs et pleinement investis dans les écoles de l’Éducation nationale, mais le hors contrat est le seul lieu où la liberté de programme est possible.

Et de nombreux textes fondateurs, à commencer par l’article 26 de la Déclaration des droits de l’homme, veillent à garantir le libre choix pédagogique des familles.

Avoir voulu fermer l’école des Boutons d’Or est une atteinte majeure à la liberté d’enseignement. Ce n’est pas trop que de le répéter : l’école associative des Boutons d’or de Bigorre est bien un lieu d’instruction ouvert à tous les enfants.

 

Administration et sécurité défaillantes ?

Le rapport d’inspection n’est pas plus tendre vis-à-vis de la sécurité et de l’administration de l’école.

En ce qui concerne la sécurité, contentons-nous de rappeler ici que le contrôle de sécurité a été réalisé avec succès le 09 février 2021.

Quant à l’administration, il n’est pas anodin de relever que l’inspection inopinée de mars qui avait vocation à vérifier la réalisation des préconisations envoyées six mois plus tôt, s’est faite en l’absence de la directrice de l’établissement qui avait préalablement pris soin d’avertir l’Inspection qu’elle était alitée avec le Covid.

Les inspecteurs n’ont pas consulté tous les dossiers et ont conclu à une organisation lacunaire. Nous démontrons qu’en réalité, la situation administrative était à jour et régulièrement actualisée vis-à-vis de l’Inspection académique (site…), sans manifestement répondre à la forme attendue et conforme aux habitudes des inspecteurs

Le jugement en référé a reconnu ces éléments puisqu’il a rejeté les prétendus manquements relatifs à la santé, à la sécurité des élèves, à la bonne gestion administrative, et au contrôle des enseignants ou de l’assiduité scolaire et a donné tort au recteur sur ces éléments. En dépit de toutes les accusations infondées (y compris par l’Inspecteur d’académie sorti de son devoir de réserve, pour s’exprimer sur le sujet dans la presse), la justice a reconnu que notre école est bien administrée et qu’elle ne met pas les enfants en danger.

 

Conclusion

Le débat de fond porte désormais essentiellement sur la liberté pédagogique et ses modalités de mise en œuvre, seul point ayant conduit au rejet des requêtes.

La décision rendue en référé ne préjuge en effet pas de la décision qui pourrait être prise au fond. Nos efforts porteront donc désormais sur l’explication de notre pédagogie et du succès de sa mise en œuvre dans notre école.

Alors que les classements internationaux ne cessent de reléguer l’enseignement français aux rangs subalternes, la priorité de l’éducation nationale ne devrait-elle pas consister à inciter les académies à s’intéresser en profondeur aux alternatives pédagogique et particulièrement à celles qui s’inspirent des modèles les plus pertinents à l’étranger, plutôt que de les faire taire ?

Nous sommes bien face à deux conceptions de l’école qui ne se comprennent pas.

Car enfin, l’école des Boutons d’Or est une école. Une vraie école. Administrée sérieusement, attentive à la sécurité de chaque enfant. Une école où l’on apprend, où il est aussi autorisé de prendre le temps de grandir et de s’émerveiller. Ce qui n’a pas empêché tous les élèves qui l’ont quittée de réussir à l’école publique.

Certes, l’école des Boutons d’or est imparfaite. Certains arguments du rapport d’inspection sont justifiés. Comment pourrait-il en être autrement ?

L’imperfection est un terreau qui oblige à l’inventivité pour progresser. C’est la tâche que se donnent ensemble professeurs, parents et enfants pour contribuer à ce que vivent ici ou là, dans notre république, des initiatives certes modestes, mais libres !

Participez à l'avenir de l'Ecole des Boutons d'Or de Bigorre

Calendrier de l'année 2020 - 2021

Rentrée échelonnée

Mardi 1er septembre à 8h30 : Rentrée des classes élémentaires et accueil des nouveaux élèves
Jeudi 3 septembre : Rentrée des classes maternelles jusqu’à midi
Vendredi 4 septembre : Classes maternelles jusqu’à 13h, élémentaire journée complète
Lundi 7 septembre : Journée complète et garderie pour tous

Classe verte

Mardi 8 septembre : Réunion de rentrée et repas partagé
Mardi 22septembre : Assemblée Générale
Apéros ménage : vendredis 16/10, 18/12, 12/02, 16/04, 25/06

Les fêtes avec les familles :

Mardi 1er septembre : Accueil des nouveaux élèves de l’école élémentaire
Mardi 10 novembre : Fête des Lanternes

Dimanche 29 novembre : Marché de Noël
Samedi 20 mars : Portes Ouvertes
21 mars : Fête du Bonheur
Jeudi 24Juin : Fête de la Saint Jean – Élémentaire
Mercredi 30 juin : Fête de l’été
Les mardis à 16h, 13/10, 15/12, 09/02, 13/04 : Fête de l’élémentaire, restitutions

Les fêtes entre enfants et pédagogues

Mardi 29 septembre : Fête des récoltes, Fête du courage
Lundi 30 novembre : Fête de l’Avent
Jeudi 7 janvier : Fête des rois
Vendredi 1é février : Carnaval
Mardi 6 avril : Fête du printemps